Le terme « recréer » signifie redonner vie, rafraîchir, ou créer à nouveau. Pour Christopher De Francesco, constructeur de motos personnalisées chez Vicious Cycles, situé à Toronto en Ontario, il s’agissait plutôt de l’état d’esprit, créer à nouveau – « ré-imaginer et apporter quelque chose de nouveau à la vie ». C’est ce qui s’est passé avec la transformation de ce chopper personnalisé, né de son incarnation précédente en tant que Harley Fatboy 2007. La Fatboy était d’origine lorsque Christopher a mis la main dessus. C’était la moto de base parfaite quand il a décidé qu’il voulait construire se un chopper personnalisé.
J’ai eu l’occasion de discuter avec Christopher de ce que cela signifie d’être un jeune constructeur de custom, d’entrer dans le secteur et savoir comment il a commencé à créer des œuvres d’art roulantes fonctionnelles.Et, aussi bien sûr, pour présenter son méchant chopper Fatboy nommé El Diablo.
Parlez-moi de votre atelier et de la façon dont vous avez commencé à construire des motos personnalisées ?
Je construis des motos personnalisées dans le garage de mes parents depuis que j’ai acheté ma première moto à l’adolescence. C’était une Harley-Davidson Sportster de 1989 que j’avais achetée à un collègue de travail pour 1200 $. Le jour après l’avoir ramenée à la maison, j’ai commencé à la démonter et c’est là que ma passion pour la personnalisation des motos est née. Je n’ai jamais été du genre à laisser les choses en état d’origine. J’ai toujours bricolé, modifié, changé ou créé quelque chose que j’imaginais dans ma tête… tout devait, d’une certaine manière, être personnalisé, à moi et différent. Beaucoup de mes amis ont commencé à faire de la moto, ont aimé ça, et ont commencé à en acheter. Ils me demandaient toujours de les personnaliser et je le faisais volontiers, parce que j’étais passionné par ce travail. Comme le bouche-à-oreille se répandait et que je prenais en charge plus de projets, il était clair que le garage de mes parents n’était pas assez grand pour gérer tous les projets que j’entreprenais. J’ai ouvert Vicious Cycles il y a un peu moins de deux ans. La plupart de mon travail est centré autour de la personnalisation, de la fabrication, de la reconstruction de moteurs, et des modifications de performance; honnêtement, tout ce qui est nécessaire pour construire des motos cool. C’est ce qui est important pour moi. C’est ce qui me donne le sourire et la satisfaction de voir que les gens admirent et apprécient le travail que je fais.
Quelle a été l’inspiration derrière la construction et le look de ce chopper ?
L’inspiration pour cette construction était Indian Larry. Il a toujours été une grande source d’inspiration pour moi, comme pour beaucoup d’amateurs de choppers. Je voulais donc recréer mon propre chopper dans le style d’Indian Larry, mais en y incorporant quelques éléments différents, tout en restant fidèle au style et à l’attraction d’une construction d’Indian Larry. L’idée était d’avoir une moto à l’allure géniale avec la technologie moderne et la qualité de Harley-Davidson pour en faire un chopper pratique et fiable que vous pouvez conduire et apprécier, avec une suspension Softail et l’injection. En tant que constructeur, la fiabilité des motos qui sortent de mon atelier est toujours une priorité et ne se fait jamais au détriment du « look ».
Mais bien sûr, l’apparence est toujours importante, car c’est l’attachement émotionnel que l’on a pour une moto. Je suis donc ravi du résultat final. Ce que je préfère dans ce projet, c’est qu’il trompe vraiment les gens. À première vue, elle ressemble à un chopper Panhead. Pourtant, en regardant de plus près, les gens réalisent qu’il s’agit en fait d’une Harley Twin Cam Softail entièrement personnalisée et modifiée pour imiter un chopper Indian Larry de la vieille école. Ça ne rate jamais. À chaque fois.
Pourquoi avez-vous appelé cette moto El Diablo ?
J’ai trouvé le nom de la moto une fois la peinture terminée par l’artiste local Skinny, de Skins Custom Paint, à Hamilton (Ontario). La seule indication que je lui ai donnée, guidée par l’inspiration des motos d’Indian Larry, était les graphiques de style flamme rétro; je voulais beaucoup de paillettes, qu’il brille au soleil, et peut-être qu’il s’oriente vers la combinaison de couleurs noir et rouge. Je n’aurais pas pu être plus heureux de ce qu’il a fait et du résultat ! La combinaison de Candy Brandywine, de paillettes d’argent, d’accent argenté et de paillettes arc-en-ciel dans la peinture change la couleur de la moto au soleil, en fonction de l’angle sous lequel on la regarde, et prend un aspect différent quand le temps est couvert. La peinture rouge feu m’a donné l’impression qu’elle sortait tout droit de l’enfer et, pour moi, elle ressemble à quelque chose que le diable piloterait. Alors oui, je l’ai appelée El Diablo.
J’adore incorporer et inclure différents éléments et pièces provenant d’autres constructeurs du monde entier. Mais j’aime particulièrement collaborer avec des magasins locaux et d’autres constructeurs talentueux. Cela permet de mettre en valeur mon talent et celui de tant de personnes qui aiment et apprécient la même chose que moi, les motos personnalisées. Pour en faire un chopper de style d’Indian Larry, j’ai fait construire la base de la selle par Paul Cox, le partenaire d’Indian Larry, et il a gravé le bas de la selle pour moi, ce qui rend cette moto encore plus spéciale. Les petites touches font d’une moto qu’elle soit spéciale pour son propriétaire sur un plan émotionnel, que ce soit pour mes clients ou moi-même. Puis j’ai demandé à Julio Mena, de Mena Custom Cycles, un de mes amis et un très talentueux constructeur/maroquinier, de fabriquer l’incroyable siège personnalisé “El Diablo” pour moi. À mon avis, c’est vraiment une œuvre d’art et la pièce maitresse de la construction. Elle épate toujours les gens.
Y avait-il des défis particuliers que vous avez dû résoudre pour cette construction ?
Oui, je dirais que la partie la plus difficile a été l’aspect électrique de la construction. Parce que la base pour ce projet était une Harley-Davidson Fat Boy plus récente avec l’injection de carburant et le système de sécurité. Enlever les composantes électriques qui n’étaient pas nécessaires et garder les composantes électriques dont on avait besoin (ce qui était beaucoup), était un défi. Je devais m’assurer que tout marchait correctement pour toutes les fonctions que je voulais conserver et cacher le câblage pour que la construction soit aussi propre que possible. La moto utilise toujours le système de sécurité d’usine, qui nécessite le porte-clés pour démarrer la moto. L’ordinateur d’usine permet toujours de scanner les codes, de diagnostiquer et même de régler électroniquement la moto, comme n’importe quelle Harley plus récente.
Quels sont vos types de motos préférés à construire ? Avez-vous une spécialité ?
Honnêtement, j’aime les choppers et les bobbers et ils seront toujours mes préférés, bien que je construise à peu près tous les types de Harley. Tout dépend des souhaits et des désirs du client, n’est-ce pas ? Vous savez, les temps changent, les modes vont et viennent dans le monde de la moto comme dans beaucoup d’autres domaines de la vie. De nos jours, les gens ont accès à tous les types de modèles et de styles dans le monde entier, donc je me tiens au courant de ce qui se passe sur les médias sociaux. Je suis particulièrement inspiré par la scène moto du Japon et de la Thaïlande et les motos personnalisées qu’ils construisent là-bas. C’est vraiment cool. J’admire et j’incorpore certaines des tendances et des styles de là-bas dans certaines de mes constructions. Parfois, j’ai travaillé avec certains constructeurs étrangers pour la fabrication de mes modèles. Cela aide à capturer les styles qu’ils construisent et conduisent là-bas et à apporter ces éléments ici au Canada.
Y a-t-il une partie ou un aspect particulier dont vous êtes le plus fier dans la construction ?
Ce chopper a changé ma vie. El Diablo a vraiment été le premier grand projet de personnalisation pour moi. Une construction complète à partir du petit garage de mes parents et c’est quelque chose dont je suis très fier. Je pense que cette construction m’a permis de montrer mes talents et ma vision, ce que beaucoup de gens dans la communauté moto ont apprécié. J’ai maintenant développé l’opportunité de transformer un hobby que j’aime en quelque chose que je peux faire tous les jours. J’ai rencontré beaucoup de gens formidables, que j’appelle maintenant des amis et avec qui je reste souvent en contact, ce qui me fait apprécier et aimer ce que je fais de plus en plus chaque jour.
Alors que nous étions en train de parler et de photo-graphier la moto dans la rue, un passant est passé, s’est arrêté, et a admiré El Diablo. L’homme a dit à Christopher, « Quelle magnifique Panhead ». Christopher a remercié l’homme et s’est retourné pour me regarder avec un sourire diabolique et une petite étincelle dans les yeux, comme s’il voulait dire : « À chaque fois ».