Vous avez peut-être entendu des gens la mentionner lorsque vous passiez du temps à l’atelier d’un ami. Vous avez peut-être vu une galerie sur votre forum ou blogue favori. Des images en noir et blanc d’hommes distingués, arborant du cuir et des jeans usés, semblant sortir tout droit d’une photo ferrotype. Les porteuses de drapeaux sautent pour signaler le début de la course des gentlemen, le secret pas très bien gardé qui se répand le plus rapidement.
Les Oilers, un club auto rétabli de 1947, peut seulement être décrit comme une confrérie formée d’hommes amoureux des automobiles traditionnelles et de motos conçues pour la vitesse. Leurs premiers membres ont aidé à former la NHRA (National Hot Rod Association, ou association nationale des Hot Rod) et les débuts de la SCTA (Southern California Timing Association, ou association du chronométrage de la Californie du Sud). Plusieurs années plus tard, alors que ces pionniers ne sont pratiquement plus que des souvenirs, un lien s’est créé entre les membres originaux et une renaissance du club a été enclenchée, avec 10 nouveaux membres en tête visant à préserver l’héritage de la course.
Plusieurs de ces membres modernes ont été inspirés par les témoignages de rassemblements et de courses unissant les amoureux des roadsters et des bobbers, les autos et motos de course du passé. Les courses dans la neige et la glace, sur le sable et le sel, peu importe; il n’a toujours été question que de vitesse, et ce rêve ne s’est jamais terni. La course des gentlemen a commencé en 2012, avec en tête Mel Stultz et Bobby Green, des Oilers, à Pismo Beach, en Californie. N’étaient présentes que quelques autos et motos, mais les règlements étaient les mêmes : rassembler des véhicules traditionnels pour faire la course sur la plage, comme dans les années 40 et 50.
Passons à ce qui se passe aujourd’hui : les Oilers sont toujours aussi forts. La veille de la course, certaines des motos les plus époustouflantes sont rassemblées dans le terrain de stationnement d’un hôtel local, le Bonita Hotel. The Night of the Troglodytes est une exposition qui s’étend sur le boulevard pendant que le soleil décline, reconnue pour la fête qu’elle donne pour lancer l’événement qui se prolongera durant le weekend. Un rassemblement annuel maintenant tenu par Harley Davidson faisait salle comble; il y avait tout juste assez d’espace pour se déplacer parmi les centaines de spectateurs réunis. Les groupes beuglaient dans la nuit, attirant de plus en plus de participants et de motocyclistes. Plusieurs nouveaux visiteurs reluquaient et observaient les divers personnages rassemblés, une mer de barbes, de bière et d’encre, alors que des visiteurs fréquents s’unissaient pour rattraper le temps perdu et parler des joyaux cachés dans le terrain de stationnement. Des choppers à tomber, avec des moteurs inestimables et des peintures colorées, apparaissaient et disparaissaient à mesure que les spectateurs, épaule contre épaule, se déplaçaient et créaient de petits espaces pour voir les motos.
Les organisateurs de l’événement ont même fait acte de présence de l’autre côté de l’océan, ayant réservé un kiosque à l’exposition Mooneyes Show à Yokojama, au Japon. Ils ont même apporté leurs immenses accessoires, d’énormes cônes à damiers de ligne de départ, et les bannières étaient fièrement suspendues, donnant le goût à tous de marquer leur calendrier pour faire le voyage. Les amateurs ont empaqueté leur équipement et ont pris un vol jusqu’à l’autre côté de la planète pour participer à cet événement. Le fameux musée Harley Davidson Museum accueille actuellement une très grande exposition sur la course de gentlemen, exposant des voitures, des motos, des souvenirs et plusieurs photos documentant cet événement historique.
Cette année, à Wildwood, au New Jersey, où se tient l’événement sur la côte est, le public comptait près de 15 000 spectateurs. Plusieurs autos et motos couvraient le sable, les fosses se remplissant lentement et enveloppant la région dans une nostalgie peu commune. La rouille et la peinture qui s’écaille recouvrant ces motos ne sont aucunement représentatives de leur valeur réelle, qui se situe souvent dans les plusieurs dizaines de milliers de dollars. De rares motos de fabrication américaine incluant des Harley et des Indian hors de prix hoquètent et rugissent tels des animaux sauvages indomptables.
L’événement est sans doute vraiment le plus apprécié des nombreux artistes, que ce soit des concepteurs de vêtements, des peintres, des vidéographes et, bien entendu, des photographes. Il s’agit d’un des rares événements où vous êtes certains de voir l’utilisation de caméras avec pellicule grand format et de la photographie ferrotype. Ces outils requièrent énormément de temps, de patience et de compréhension; c’est impressionnant. Le journaliste les utilisait jadis comme arme de choix, et on utilisait des 4×5 à la main ainsi que sur des trépieds. Cet événement est l’endroit où l’on peut réaliser ses rêves de capturer des photos intemporelles, avec des arrière-plans remplis de bannières et des drapeaux authentiques, les tours d’observation remplies d’invités VIP. Même Willy G. Davidson, de la réputée Harley Company, était présent, prouvant que l’appel « Venez, venez tous! » est effectivement approprié pour cette intrigante scène où la vitesse est à l’honneur.
En regardant les autos décoller de la ligne de départ, propulsant du sable aussi haut que la porteuse de drapeau, le désir ardent de se mettre en ligne est difficile à ignorer. Comme dans toutes les formes de course, les règles et caractéristiques des véhicules sont strictes lorsqu’il s’agit de participer à la course, et plusieurs de ceux qui tentent de s’inscrire ne sont pas retenus.
Voici une liste des exigences : la carrosserie doit avoir été fabriquée aux États-Unis en 1934 ou avant; le moteur doit dater de 1948 ou avant, ou de 1949 à 1953 pour les Flatheads de Ford. Tout l’équipement de course doit dater d’avant 1953, donc, les transmissions, freins, alternateurs et phares, pneus à flanc blanc, pneus à rainures agressives ou ailes modernes ne sont pas admis. La peinture doit aussi être authentique et ne pas comprendre de graphiques ou de lettres de vinyle. Il y a trois classes de course, notamment 4 Bangers, V8 et Heritage, classe qui comprend les autos et les moteurs datant d’avant 1920 comme Dusenbegh, les speedsters Stutz et les autos Indy, qui sont tous acceptés dans la course.
Lorsqu’il est question des motos, les restrictions sont encore plus intéressantes : toutes les motos doivent être des bobbers et dénuées de tout, sauf de l’essentiel. Aucune moto de route n’est permise, mais toutes les entrées sont envoyées et approuvées. Si votre version d’une moto de route est une moto fabriquée aux États-Unis en 1947 ou avant, cet endroit est pour vous! Les Knuckleheads, les Flatheads et les autres moteurs en tête incluant les Harley de 1945 et les Flatheads Indian sont des exceptions. Le look et l’impression doivent ressembler à ceux datant d’avant 1940, une période où la tendance en course était de conserver seulement ce qui vous aidait à aller vite et d’enlever tout le reste. Des fixations, démarreurs et magnétos de l’époque (tant qu’ils ont l’air vieux) doivent être utilisés; les fils colorés, les attaches autobloquantes et la quincaillerie moderne sont bannis. Les phares et les ailes sont considérés comme étant inutiles, ainsi que tous les autres gadgets. Au cours de cet événement, on voit souvent la boîte de vitesse manuelle ou sur le réservoir, ainsi que des châssis à ressort rigides du manufacturier courir avec des Springers et des avants à ressort à lames. Les palettes de couleurs traditionnelles, les chiffres et les lettres peints à la main sont également indispensables. La conservation méticuleuse des pièces authentiques de machinerie et d’équipement est ce qui crée cette machine à voyager dans le temps.
Seulement décrite comme carnaval automobile, la course des gentlemen capte l’imagination des jeunes comme des aînés, transportant l’esprit sur les sables à des vitesses spectaculaires. Plusieurs ont mentionné que l’événement a beaucoup changé au fil des années, comme n’importe quoi d’autre. On l’a décrit comme étant la plus grande exposition au monde, et, comme elle attire de grands nombres de photographes et d’artistes, la plage est l’endroit le mieux choisi pour le tenir. Les coureurs sont immortalisés en tant que dompteurs de lions, tentant de dresser leurs bêtes qui rugissent pendant que le maître de manège et les porteuses de drapeaux préparent le prochain numéro.