Il ne fait aucun doute que, d’un seul coup d’œil, cette incroyable moto café racer célèbre la moto de production XLCR 1977 Harley-Davidson originale, mais cette moto style café racer n’a pas été construite par n’importe quel fan de ce style sortant de l’usine. Cette histoire est beaucoup plus intéressante que ça, alors reculons un peu et capturons l’image du constructeur derrière la moto, Ray Drea, afin de mieux comprendre ses talents et ses réalisations.
Comme plusieurs jeunes enfants qui avaient des parents fervents (ou peut-être juste tolérants) des motos, Ray Drea a fait ses débuts sur 2 roues de manière précoce. Ray avait un avantage sur les autres enfants, soit que son frère Don plus vieux faisait de la personnalisation et qu’il avait embarqué Ray dans ça. En 1972, à l’âge de 10 ans, Ray travaillait avec lui dans le garage et en 2 ans, il faisait de la peinture et des jobs de flammes sur les réservoirs de Sportster. Le lignage (pinstriping) et le lettrage ont suivi rapidement et à 14 ans, ses compétences lui ont valu un travail après l’école dans un atelier de conversion, à peinturer des murales sur des vans. Adolescent, il a conjugué ce travail de van avec des jobs de peinture indépendantes qu’il a faites sur des motos dans le garage chez lui. Ray était clairement aussi travailleur que talentueux!
Par chance, dans un classe d’art de sa première année de secondaire, Ray s’est lié d’amitié avec un autre jeune étudiant, Michael Davidson. Voyez-vous, Michael était le fils de Nancy et Willie G. Davidson et l’arrière-petit-fils du cofondateur de Harley-Davidson, William A. Davidson. Ce lien avec la famille Davidson a eu un gros effet sur son avenir, comme il est devenu évident après que Willie a vu un réservoir personnalisé que Ray avait peint dans une exposition d’art. Willie a été tellement impressionné qu’il a demandé à Ray de venir dans le studio de design de HD pour peindre un réservoir unique pour une moto de promotion de concessionnaire, puis, alors qu’il était là, il lui a demandé de faire le lignage (pinstriping) du prototype de ce qui allait devenir la moto à sacoches (bagger) FLH Heritage 1981. Pas mal pour un jeune du secondaire!
Les années suivantes, la carrière de Ray s’est développée, alors qu’il était graphiste autodidacte indépendant, un dessinateur publicitaire à temps plein, puis à ces 31 ans, il a occupé un poste d’employé dans le studio de design juste à côté de Willie G. Finalement, après la retraite de Willie en 2012, Ray est devenu le chef styliste des motos, ce qui était son titre lorsqu’il a décidé de réaliser ce projet de café racer.
La possibilité de construire une moto café racer s’est présentée tout d’abord lors d’une de mes visites à Milwaukee, lorsque je déjeunais avec Willie G. et Ray, juste après la retraite de Willie, et que j’ai demandé à Willie de me prêter son #0001 XLCR 1977 qu’il exposait fièrement chez lui pour mon exposition de café racer intitulée «Ton Up! Speed, Style and Cafe Racer Culture ». Je savais que la politique de Willie était de ne jamais prêter de motos, mais à ma grande joie, il a été d’accord, puis je me suis tourné vers Ray et j’ai mentionné que j’aimerais bien qu’il construise une moto personnalisée pour le même événement. Comme je m’y attendais, Ray a tout simplement souri et a mis ça sur la liste des choses à faire, éventuellement, tout en mentionnant ses nouvelles responsabilités et sa nouvelle charge de travail. Je ne m’attendais pas vraiment à avoir un suivi, mais 6 mois plus tard, Ray a appelé pour me dire qu’il allait participer, et qu’il utiliserait cette occasion pour rendre hommage à son mentor, tout en ayant à l’esprit le design du café racer original de Willie. C’était vraiment incroyable!
Pour cette moto café racer personnalisée, Ray savait qu’une Harley-Davidson XR1000 serait le point de départ parfait. Ce modèle fabriqué en usine avec moteur bicylindre de 998cc refroidi à l’air en V à 45 degrés était basé sur le XR750 de course et prétendait avoir 70ch à 5 600 tr/min dans la version 1 000 cc, et Harley a également offert un kit de mise à niveau qui permettait de supposément atteindre 90ch. Plus que toute autre chose, elle avait tout juste le bon look que Ray voulait avoir comme point de départ. Comme il le décrit, « le moteur dégage un look de testostérone! » et dans cette optique, il a trouvé une moto 1984, qui lui a été donnée (en fait une légèrement personnalisée, en bon état), de laquelle il a seulement gardé le moteur et le cadre. « J’ai aussi trouvé un réservoir prototype pour une XR750 dans le département de design qui n’avait jamais été utilisé, qui s’est avéré être un excellent point de départ pour le nouveau réservoir ».
Après avoir trouvé son design pour la moto, Ray a collaboré avec le très talentueux Lock Baker d’Eastern Fabrications au Connecticut pour le cuir, le réservoir d’huile et le système d’échappement, et le tout aussi talentueux Mike Lange de Milwaukee (ville natale de Ray) pour du travail sur le moteur, de la fabrication et de l’assemblage supplémentaire. En tant que designer de moto habitué de travailler sur des motos de production, Ray a approché ce projet de manière un peu différente que plusieurs autres personnaliseurs l’auraient fait. Il a esquissé sa vision (Ray est un artiste étonnant!) qui a fondamentalement « resserré l’ensemble et raffiné les lignes ». Le réservoir à gaz en aluminium et la partie arrière ont été raccourcis, il a épuré le côté gauche avec un couvercle de primaire de modèle récent, a opté pour des roues en fibre de carbone et est allé avec des pneus plus larges, a utilisé un bouchon de carburant de qualité aviation encastré à fleur, et a essentiellement utilisé les meilleurs ingrédients tout au long (c’est à dire des freins brembo, des fourches inversées Showa et plusieurs pièces Harley). Le moteur est demeuré la pièce maîtresse, avec les belles admissions à finition mate sur les deux carburateurs et un échappement parfaitement formé, rentré parfaitement dans le côté gauche, et dans l’ensemble, Ray a gardé une palette simple, mais très élégante de noirs brillants et mats, et a ensuite substitué du nickel « autocatalytique » où on trouverait normalement du chrome ou d’autres pièces brillantes.
La partie la plus difficile de cette construction pour Ray était d’avoir affaire à des travaux de fabrication à grande distance sur la côte est, mais même ça n’était pas si pire, car le réservoir prototype de XR750 avait été envoyé à Lock Baker, avec les diagrammes, « afin de montrer ce que je cherchais au niveau du nouveau réservoir qu’il devait souder pour moi ». Il y a eu beaucoup d’allers et retours avec les photos et les appels téléphoniques, mais en fin de compte, ça en a valu la peine. Ray a particulièrement aimé comment Lock a fait l’échappement, la manière dont il colle de si près au côté gauche et comment il a montré ses talents de soudage incroyables. Comme Ray m’a dit « beaucoup d’artisans m’on dit qu’ils n’avaient jamais vu de la si belle soudure ». Faut pas oublier qu’après que Lock ait fini de souder le réservoir à gaz, il a été poli et de la peinture noir bonbon (transparente) a été appliquée directement à l’aluminium poli. Aucune erreur de revêtement là!
Bien sûr, faire en sorte qu’elle soit à l’exposition à temps s’est avéré un peu difficile aussi. Ray a raté le transport de moto gratuit que je fournis pour l’exposition et a fini par avoir à passer une nuit blanche pour la rendre à Sturgis, à temps pour l’inauguration du samedi matin, 865 milles plus loin. Ça c’est du dévouement, ça c’est tenir parole!
Après que la moto a été terminée et que Ray l’ait roulée un peu pour la vérifier et l’ajuster, Willie G. a demandé « qu’est-ce que tu fais avec cette moto ». Ray a répondu qu’il voulait la vendre pour pouvoir passer à un autre projet. Réponse de Willie, « c’est important pour moi que tu l’aies construite », et cela a abouti à la conclusion d’une affaire. La dernière fois que Ray l’a vue, c’est quand il l’a laissée à la maison de Willie et que Willie a immédiatement sauté dessus pour la tester dans le quartier. Il est revenu avec un grand sourire sur sa face et la moto est maintenant un fier ajout à la collection de l’estimé Willie G. Quelle belle fin, quelle belle histoire!