Le 17 septembre dernier a eu lieu le 13e« Block Party » dans l’atelier d’Indian Larry, en plein Brooklyn. Bien que certaines particularités aient marqué cette édition, nombreux furent ceux qui ont répondu « présents » à cet événement classique du Nord-Est américain.
Comme chaque année, le quartier au grand complet était fermé à la circulation et des motos s’alignaient en grand nombre de chaque côté de la rue. L’atelier proposait ses produits dans différents kiosques et exposait ses motos et surtout, démontrait son appui et profitait de la présence de la foule présente. L’ambiance, comme à l’habitude, était à la fête, même plus encore compte tenu de l’addition de « Coney Island Brewing Company’ » qui offrait trois bières aux gens qui entraient sur le site.
Bien que l’événement avait principalement lieu dans l’enceinte de l’atelier, qui était ouvert et agissait même de studio de tatouage pour l’occasion, l’attrait principal se trouvait dans toutes les rues avoisinantes. Cela m’impressionne toujours de voir un si grand nombre de motos à un même endroit, ca donne l’aspect d’un des quartiers les plus en vogue au monde. Le long des rues, les motos sont alignées. Les propriétaires parlent de leur bolide en mentionnant les différentes modifications ou l’endroit d’où ils proviennent. De fait, c’est l’ambiance de cet événement annuel qui fait tout son charme et sa renommée. Des amateurs viennent de partout en Amérique pour participer au « Block Party » et se retrouver parmi les leurs. Certaines des motos ainsi exposées sont aussi impressionnantes que celles qui se trouvent à l’intérieur des murs d’Indian Larry. De fait, certains ont parcouru des centaines, voire des milliers de kilomètres en moto pour assister à cet événement. J’ai fait le tour « du bloc ». J’ai alors eu l’occasion de discuter avec plusieurs Américains, qui sont toujours aussi impressionnés du fait que des Canadiens fassent un trajet aussi long en moto. C’était maintenant l’heure du spectacle. C’était la première année que le « Brooklyn Invitational »’ n’était pas présenté à la même date que le « Block Party ». Cependant, fidèle à la popularité du mouvement de la côte Ouest, un « stunt show » a eu lieu en pleine rue. Les membres du « East Coastin’ Crew » ont donc pris d’assaut la Whyte Avenue sur leurs Harley-Davidson Dynas. Les trois casse-cou se sont fait un plaisir de repaver la rue en faisant brûler leurs pneus sous l’œil impressionné de la foule. Provenant d’un milieu où faire des « wheelies » et autres cascades dans les rues comme sur des pistes motocross est l’activité extrême par excellence, ils ont facilement réussi à transposer leurs talents sur les motos de route américaines. Voyant le succès que connaît « Unknown Industries » sur la côte Ouest, les précurseurs du mouvement, on a donc décidé de présenter le même genre de spectacle sur la côte Est. Toutefois, c’est absolument ahurissant de voir ces gens faire leurs prouesses en pleine rue sans qu’il y ait des barrières ou autres formes de protection entre eux et les spectateurs. Cette particularité démontre l’aspect plus téméraire de ce spectacle « de rue », mais surtout le manque de professionnalisme de ceux-ci. Ce divertissement a cependant contribué à faire oublier le vide en comparaison au « Brooklyn Invitationnal » qui accueille les créations de différents « bike builders » de partout au pays. Cet événement avait lieu le samedi suivant, soit le 24 septembre. Après le spectacle, comme c’est la tradition, je suis allé au légendaire The Gutter pour finir la journée avec une dernière bière dans l’ambiance glauque et sombre de ce bar situé à un coin de rue d’Indian Larry.
Pour en revenir aux motos et surtout à celles présentes lors du « Grease Monkey » du Block Party, il va sans dire que la qualité était inférieure à celle des années précédentes, plusieurs propriétaires de vieux Harleys ayant décidé de plutôt participer la fin de semaine suivante au Invitational au lieu de venir au Block Party. Plusieurs motos de clubs de l’Est américain attiraient quand même l’attention grâce à un travail de peinture incroyable.
Les créations de l’atelier hôte étaient cependant de loin les plus impressionnantes. Il y avait entre autres le « Wild Child », un « panshovel » (arrière Panhead/avant Shovelhead) représentatif du classique qu’avait créé le défunt Larry. Il s’agit d’une moto avec un devant de châssis tordu, une mécanique hors du commun et performante avec un style « chopper » créé par les « ape-hangers’’, une minuscule aile arrière et au nombre minimaliste de pièces requises pour que la moto puisse rouler. Il s’agit en fait de la dernière création de Larry lors des fameux « Biker Build-Off » de Discovery Channel, qu’il avait finalement gagnés devant Billy Lane en 2003. Les gens sont bouche bée devant chaque détail de cette moto, de la courroie de transmission qui a été peinte et qui arbore le nom de la moto au carburateur double et à la peinture de couleur « Root Beer » qui incorpore l’étampe d’Indian Larry et le lieu de création qui a toujours été et restera toujours New York.
Sur place, on pouvait aussi admirer « Sweet Marissa », un autre bobber de style chopper avec les mêmes inspirations, mais avec un moteur S&S 113 ci avec une fourche avant inversée, ce qui permet de répondre à la puissance de cet engin. Cependant, c’est en 2011 que Bobby Seeger et son équipe ont assemblé cette moto dans le respect du style que préconisait Larry. L’alignement des motos de l’atelier de Brooklyn ne se terminait pas là. Il y avait en plus « Moving On », qui était à l’origine un Harley-Davidson Nightster 2008. Cette moto a été allègrement modifiée à l’image questionnante. On pouvait aussi voir le « Metzeler », une création récente aux lignes et au style différent, mais tout aussi impressionnant avec son fini gris poli qui lui donne un look très industriel et épuré. Enfin, devant les fameuses portes de métal forgé devant l’entrée surélevée, on pouvait admirer l’exceptionnelle « Chain of Mystery ». Même après avoir vu, analysé et observé cette moto depuis de nombreuses années, il semble toujours y avoir un aspect mythique lorsqu’on se trouve devant elle. Cette œuvre d’art ne se démode pas et reste indétrônée au sein de l’industrie de la moto custom. Peut-être ai-je un parti pris vu qu’il s’agit de la machine qui m’a fait tomber en amour et plonger dans l’obsession de ce monde, mais je n’ai jamais vu quelque chose avec autant de détails, de bon goût et de créativité.
Ce fut donc, encore une fois, un des plus beaux événements de l’été avec une température agréable, des motos partout dans les rues et surtout, une foule de gens tout plus intéressants les uns des autres. Il manquait toutefois à l’événement l’aspect spectacle qu’offre le « Brooklyn Invitational ». L’organisation et le déroulement des activités cette 13eédition du Grease Monkey Block Party furent un franc succès. Je le recommande encore une fois à tous les passionnés de motos custom de l’est du continent américain.