Quand des rêves de vitesse et de records sont jumelés à la passion de construire des machines traditionnelles, vous obtenez une création indéniablement étonnante. En elle-même, la construction d’une moto de course n’est pas une mince tâche. Et devenir le plus rapide est un véritable tour de force quand la moto et le pilote subissent des tensions alors qu’ils tentent d’atteindre ou de battre un record de vitesse. Et si vous ne réussissez pas du premier coup, vous retournez à l’atelier, réglez les problèmes puis tentez de nouveau d’atteindre vos objectifs.
Franz and Grubb, un atelier situé en Californie, a construit des moteurs Triumph avec un plein stock de pièces, neuves et usagées. Un mélange parfait de collection et d’organisation. Pas de fouillis. Dan Druff, le propriétaire unique et exploitant de l’atelier, s’est concentré sur le travail de moteur personnalisé dans le but de reconstruire et de transformer des reliques en moto de course performantes. Auparavant technicien à la guitare pour le groupe « Guns and Roses », Dan a beaucoup voyagé. Dans l’industrie de la musique, la plupart des gens aiment les bolides. Dan possède un Dart 1967 qu’il a monté avec un moteur 340 et qu’il utilise pour les courses d’accélération. Mais c’est une moto qu’il a toujours voulu avoir. Il a décidé qu’il construirait sa propre moto, alors il a acheté une Triumph 650 1950, dans le nord de la Californie. Et cette moto s’est empoussiérée pendant des années. Plus tard, il a sorti la moto, l’a démontée et a commencé à la construire. Ce faisant, il a appris et compris le fonctionnement de la moto et la manière de la personnaliser.
« Pour moi, posséder une moto, c’est comme posséder une arme de poing. Si vous êtes suffisamment responsable pour posséder une arme de poing, sans tirer quelqu’un dès qu’il zieute votre copine, alors tout va bien. C’est la même chose pour les motos. Vous ne donnez pas une moto qui roule à 200 milles à l’heure à un jeune de 18 ans; il finira par se tuer. »
Faire une course dans les Bonneville Salt Flats est un rêve convoité par de nombreuses personnes. Dan a été contacté afin de travailler sur une moto construite par Matt, de l’atelier « Wrecked Metals », situé à Boise, en Idaho. Initialement, la Triumph 650 1955 a été construite pour un client qui rêvait de posséder une moto pour battre des records de vitesse. Le travail avait débuté dans un atelier spécialisé dans la construction de choppers et d’automobiles personnalisés. Pour la transformer en une vraie moto de course, il fallait une bonne mise au point. À l’heure actuelle, la moto est dotée des éléments suivants : cylindre à alésage surdimensionné de 0,060 pouce (676,7cc), bielles en acier forgé, piston Robbins 12:1 sans joint de culasse, soupape Kibblewhite Black Diamond avec tiges de 6 mm, cames de course Harman & Collins, carburateurs à flotteur découpé Amal Monobloc, deux flotteurs Matchbox Amal isolés, magnéto Morris, pompe à huile Morgo, pneus Avon Roadrider, un cadre Factory Metal Works et des fourches Ceriani de 30 mm pour supporter la partie avant.
Dès que Dan a reçu la moto, il a assemblé le moteur et a adapté la moto pour la course sur l’étendue de sel, conformément à la réglementation de la SCTA. Lors de la construction de la moto, le cadre devait être plus long de six pouces. Mais la chaîne aurait été vraiment longue, ce qui ne convenait pas aux vitesses qu’il souhaitait atteindre.
C’était aussi à Dan que revenait la tâche de piloter cette moto lors des courses, de mettre cette machine personnalisée à l’épreuve et d’y apporter les modifications nécessaires afin de réaliser les objectifs. Dans cette optique de vitesse, la moto a été modifiée pour que le moteur soit reculé à des fins de répartition du poids, ajoutant ainsi de la traction et de la stabilité.
Autre petit hic : Dan n’avait jamais piloté une moto de course. Lors de l’inspection technique, le gars lui a demandé : « quelle est ton expérience de la moto? ». Et Dan de répondre : « aucune », ce qui n’était pas un problème pour Dan.
« Selon moi, l’expérience n’est pas réellement nécessaire. Il vous faut juste de l’instinct. C’est comme la course d’accélération avec une automobile. Si le bolide se dirige vers le mur, tu relâches l’accélérateur pour permettre au véhicule de se réaligner. »
La moto a semé de nombreux obstacles sur la route de Dan. Alors qu’il la pilotait, Dan a même dû courser sur une seule roue, en passant dans les contrôles de vitesse à 113 milles à l’heure (182 km/h). À un moment durant une des courses, le repose-pied s’est détaché et les câbles de sécurité se sont brisés sur un des côtés. Le boulon de l’essieu s’est alors libéré, faisant en sorte que Dan a roulé sur un seul pneu. Une fois tous les pépins réglés et la moto avec ses deux roues bien posées sur le sol, inutile de dire que le moteur puissant les propulsera probablement vers l’atteinte du record et au-delà.
En la voyant rouler sous le soleil radieux de la Californie, dans les rues bordées de palmiers et de fils téléphoniques, réfléchissant la lumière du soleil, vous pouvez imaginer cette machine profilée filant sur l’étendue de sel ou le fond du lac séché. Même stationnée juste là, sur l’asphalte, elle donne l’impression de rouler à cent milles à l’heure. Cette moto est absolument géniale. C’est une chose extraordinaire que de voir la technologie et le style s’amalgamer de façon si aisée. Un des détails intéressants se trouve dans la façon d’assembler les carburateurs. Les supports sur lesquels ils sont installés ont fait l’objet de recherche avec des spécialistes de la vibration. Le système a été conçu de façon à permettre à la moto de rouler sans aérer le carburant. Le support qu’il avait choisi correspondait exactement à ceux utilisés par l’armée américaine pour fixer leurs disques durs dans les hélicoptères. Ainsi, les carburateurs pouvaient sauter et vibrer sans mettre trop de tension sur les conduits de carburant.
À l’origine, la moto a été nommée « Hellcat », puis la SCTA l’a baptisée, à tort, « The Wild Cat ». Le propriétaire actuel a aimé ce nom et l’a conservé lors de l’inscription de la moto. L’an dernier, la Bonneville Speed Week a malheureusement été annulée en raison de la pluie. La moto n’a pu faire la course, mais toutes les modifications apportées par Dan améliorent indéniablement la vitesse de la moto. À chaque course, Dan confirme le vieux dicton voulant que « si tu ne réussis pas du premier coup, essaie encore et encore. »