Selon moi, qu’il s’agisse d’une moto ou d’une auto, peu importe son originalité, un objet ayant une histoire intéressante sera encoreplus original.J’aime croire que ma Triumph T100SS 1963 possède une telle histoire.
Au début des années 1970, mon oncle a acheté cette moto délabrée. Après l’avoir remontée et conduite pendant des années – en plus d’avoir remplacé le réservoir original pour un cadre Bonneville 1971 ou 1972 faisant office de réservoir d’huile –, il voulait acheter une tondeuse à siège. Comme il avait besoin d’argent, il a vendu sa Triumph à mon père, qui l’a conduite partout pendant des années. De temps en temps, il embarquait ma mère à l’arrière et, autour d’elle, il attachait l’équipement de camping. De leur maison à London, en Ontario, ils roulaient ainsi vers le nord pendant cinq ou six heures pour camper toute la fin de semaine. Il a fini par acheter un Honda CB750 Four 1972, et la Triumph a été remisée en 1980. Pendant 29 ans, elle n’a jamais vu la lumière du jour. Pendant ces presque trois décennies, elle est restée longtemps dans le cabanon, puis elle a été entreposée environ cinq années dans un vieux séchoir à tabac à côté de quelques motos hors route et d’un trois-roues. Une nuit, tous ont été volés, sauf la Triumph. Par après, elle est retournée dans le cabanon de mes parents pour environ 15 ans, soit jusqu’à ce que j’aie l’idée d’essayer de la transformer en petit bobber tripant. J’ai demandé à mon père si je pouvais la démonter pour la reconstruire à mon goût, et il m’a donné le feu vert.
Je n’avais jamais travaillé sur une moto et j’étais très intimidé à l’idée de démonter le moteur et de le remonter moi-même. Alors, après avoir désassemblé la moto, j’ai envoyé le moteur dans un atelier à proximité pour le faire remonter et j’ai commencé à commander des pièces pour construire le reste de la moto. J’ai vendu ma première moto, une Honda Shadow Spirit 2005, pour payer la reconstruction du moteur et acheter toutes les pièces, dont un cadre David Bird hardtail avec un allongement de 4 pouces et un abaissement de 2,5 pouces, une aile arrière cannelée de 5 pouces à bec-de-canard, un réservoir d’huile et un guidon surélevé de 12 pouces. Durant l’année suivante, j’ai entrepris la construction dans mon minuscule garage. J’en ai fait le plus possible, jusqu’à ce que je doive souder. Alors, j’ai amené la moto chez mes parents. Mon père a eu l’amabilité de me laisser accaparer une partie de son atelier pour les quelques années suivantes, afin de construire ma moto. Environ un an après le début de la construction, mon épouse a accouché de notre premier enfant. J’avais maintenant un fils à qui léguer cette moto. Avec la naissance de notre fils, il était plus important de passer du temps avec lui et notre nouvelle petite famille que de me rendre à l’atelier de mon père pour travailler sur la moto. Parfois, il s’écoulait des semaines et même des mois entre deux périodes de construction.
J’ai persévéré et, après quelques revers mis sur le compte d’un constructeur de moto amateur qui n’en sait pas plus, j’ai pu assembler la moto et faire le câblage, une autre chose que je n’avais jamais faite auparavant. Finalement, après deux mois de retard, le travail était terminé et je pouvais la conduire pour la première fois. Je dois avouer que c’était plutôt agréable de conduire la motocyclette sur laquelle j’avais tant travaillé. Au fil de ma randonnée, pendant que j’essayais de me rappeler que le levier de vitesse était à DROITE et le frein à GAUCHE, je pensais au fait que, il y a plus de 30 ans, mon père se promenait là-dessus. Sans compter qu’il se rendait dans le nord avec ma mère comme passagère pour aller camper et que la moto tombait en panne de temps à autre. J’ignore à quel point mon père croyait que cette vieille Triumph roulerait de nouveau – surtout qu’elle était reconstruite d’un bout à l’autre par son fils –, mais il avait le sourire fendu jusqu’aux oreilles au premier démarrage.
Un gros merci à mon père pour la moto, pour toute l’aide et l’espace dans son atelier pendant tous ces mois. Merci à mon frère Mike et à mon ami Brayden pour leur aide dans la fabrication des pièces et leurs conseils pour la construction de la moto. Et aussi un gros merci à mon épouse, Lisa, pour son appui autant dans les bons moments de la construction que dans les moments de frustration.