Charlotte n’est pas la première ville qui nous vient en tête quand nous pensons à la communauté d’adeptes de motos anciennes, mais à ma grande surprise, cette ville n’a rien à envier à ses consœurs de la côte Ouest. Au cœur de Charlotte se trouve le quartier général de PRISM Motorcycle, et maintenant aussi du célèbre magazine DICE, dont les éditeurs ont décidé de quitter Los Angeles pour découvrir le petit vent de fraîcheur venant de la toute jeune et fleurissante scène d’adeptes de Chopper vintage de la Caroline du Nord et de toute la côte Est. Comme Dean Micetich, cofondateur du Dice, me disait, après 17 ans passés en Californie, il trouvait que la scène Chopper tournait un peu en rond. Un renouveau était de mise et c’est à Charlotte qu’il l’a trouvé. C’est un endroit où tout est plus relax comparativement au rythme de vie effréné de Los Angeles, mais où se trouve aussi une bonne gang de jeunes passionnés de Chopper qui ont soif de projets nouveaux et différents. PRISM et Dice partagent leur espace de travail à un endroit appeléCamp North End. Cet endroit où étaient construites les Ford de modèle T, il y a de cela près de 100 ans, a aussi servi d’usine à bombes pendant la Deuxième Guerre mondiale. Les magnifiques planchers en briques de bois qu’on y trouve encore aujourd’hui y ont été installés au moment de la conversion du bâtiment en usine d’armement. Elles avaient une fonction bien importante, soit d’empêcher les étincelles advenant le cas où une bombe serait accidentellement déclenchée ! L’endroit, qui a aujourd’hui été converti en locaux pour jeunes entrepreneurs et artistes, a gardé tout son charme industriel d’antan. L’ancien plan Ford était simplement l’endroit parfait pour le Congregation Show.
Jake Hindes fabricateur hors pair et copropriétaire de l’atelier Prism Supply ainsi que Dean Micetich (Dice Magazine) sont les deux principales têtes derrière cet événement qui en est déjà à sa troisièmeannée. Avec ces deux gars bien connus pour leur travail et leur passion pour le monde de la moto, il serait difficile de s’imaginer que cet événement ne connaisse pas le succès. À ce qu’on m’a dit, l’événement a doublé en importance depuis sa création ! Mais ce qui frappe le plus, ce n’est pas son envergure, mais la qualité des véhicules présentés! J’avais du mal à en croire mes yeux. Chaque projet présent avait été sélectionné avec soin. En marchant dans les différentes allées, j’avais l’impression de faire un voyage dans le temps. Je me dois aussi de mentionner qu’on n’y retrouve pas seulement des motos, mais aussi la crème de la crème des hotrods ainsi que des voitures anciennes de la côte Est des États-Unis. Du Ford 1933 préparé par Sugar City Speed Shop, qui a couru sur les plages de Wildwood pour le TROG, aux deux superbes Model A construites par Bobby Hilton de la mythique Hilton Hotrod Shop, je peux vous affirmer que j’en ai eu plein la vue.
Côté moto, la liste des préparateurs présents aurait aussi pu rendre jaloux les shows les plus connus de la Californie. Des gars comme Matthew Waln, Zack Harnish, Tim O’Keefe et plusieurs autres nous ont offert le plaisir de pouvoir admirer leur machine. On pouvait y voir différents styles de moto : originales non restaurées, préparations style chopper vintage, motos de courses des années 40, et j’en passe. Le plus intéressant pour moi est que l’aspect « period correct » était le mot d’ordre. Pour ceux ou celles qui ne seraient pas familiers avec ce terme, cela signifie que le projet, voitures ou motos, a été réalisé dans les règles de l’art en utilisant seulement les pièces et les méthodes de l’époque. Cela ajoute au défi parce que oui, c’est facile de commander le catalogue d’accessoires au complet sur Internet, mais c’est pas mal plus difficile de chercher pendant plusieurs années à gauche et à droite afin de trouver les pièces rares qui vont bien s’agencer et qui vont faire que ton projet se démarque des autres par son authenticité. C’est ce genre de préparation qui est fortement majoritaire au Congregation show.
On trouvait aussi les attractions qui sont des classiques du « moto show » contemporain, soit devieilles bécanes dans une bâtisse industrielle, des kiosques d’artisans, des groupes de musique et des tatoueurs. Mais attention, c’est dans l’exécution et la sélection que le Congregation Show se démarque.Si comme moi vous avez participé à beaucoup d’événements moto, vous savez que dans ce genre de show, il y a toujours un certain nombre de véhicules dans le lot qui ne nous intéresse pas. Beaucoup d’événements optent pour la recette facile, c’est-à-dire en incluant le plus grand nombre de motos possible, de tous les styles, afin de plaire au plus grand nombre. Eh bien ce n’est pas le cas au Congregation Show. Aucun compromis n’a été fait. Si vous n’aimiez pas le monde du vintage américain, ce n’était pas votre place. Mais si c’est ce qui vous branche, la mâchoire avait des risques de vous tomber par terre!
En terminant, je peux vous affirmer que le Congregation Show fut un de mes coups de coeur de l’année. Les gens accueillants de Charlotte, la gang de passionnés de vintage, la sélection incroyable de voitures et de motos, l’ambiance au Camp North End et même la température chaude du sud-est des États-Unis ont tous contribué à créer un événement à la recette gagnante. Bon d’accord, vous allez me dire que je suis biaisé parce qu’à ce moment-là, j’en avais ras-le-bol de l’hiver québécois qui ne finissait pas, mais je dois vous avouer que j’ai tellement passé un bon moment qu’à mon retour, j’ai regardé les annonces de maisons à vendre à Charlotte, hahaha ! Une chose est certaine, ce ne sera pas ma dernière fois au Congregation Show !